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Le blog du 409e RI
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22 février 2009

Vaux devant Damloup - 8 mars 1916 (1ère partie)

Le bombardement commencé vers 6 h en arrière des tranchées redouble de violence et est dirigé sur les premières lignes.
A 10 h, les tranchées de la 5è Cie sont arrosées de gros projectiles. Celles de la 4è section n'existent plus ; on a l'impression que les morts se touchent et les obus pleuvent ainsi jusqu'à 16 h.
Un peloton de la 8è Cie part aider le Lieutenant BLANQUIE et se place à sa droite dans la nouvelle tranchée du ravin.
Entre-temps, l'ennemi envoyait ses deux premières vagues du fond du ravin, mais prises entre deux feux, elles renoncent à leurs projets.
Dans la nuit du 8 mars, à 2 h, le bombardement fait rage et nous occasionne des pertes sévères ; on compte 62 coups à la minute. Il est 5 h, quand la 8è Cie vient en renfort, un peloton se tient en liaison avec le 3è bataillon, un autre constitue une réserve dans les anciennes tranchées de la 7è Cie.
Au petit jour, aussitîot qu'elle en a reçu l'ordre du Colonel, la Cie GIRAUDON, la 2è, arrivera en soutien. Vers 9 heures, on voit passer le Colonel NAULIN, commandant la Brigade, blessé à la tête par un éclat d'obus, alors qu'il inspectait les lignes du 409è.
Au cours de la matinée, l'ennemi profite de son déluge d'obus, pour s'infiltrer peu à peu dans le ravin du nord de Vaux, et se rapprocher de notre front. On le voit aussi se rassembler en forces derrière le remblai formé par la voie ferrée au sud-est de la station.
Les minenwerfer de l'ouvrage d'Hardaumont écrase l'ouvrage sud et les positions de la 5è Cie dont la 1ère section est complètement anéantie : son chef l'Aspirant POUPONNOT, tombe mortellement blessé.
Sur tout ce front, il ne reste plus en ligne qu'une trentaine d'hommes qui voient souvent leurs fusils brisés par la mitraille.
Bien que blessé, le Sergent BOUCHER qui sera tué un peu plus tard, travaille avec ses hommes à déterrer les camarades ensevelis sous les éboulements. Le Lieutenant DUBOIS, atteint lui-même, prévient que sa situation est intenable, car maintenant ce sont les torpilles qui fauchent les derniers éléments de sa compagnie.
Quel est donc ce petit soldat de France couché sur un brancard ?
Il baigne dans son sang, et il crie au passage :
" Au revoir, mon Commandant, on les aura ! "
Là-haut une poignée d'hommes surhumains luttent encore ; mais dans toutes les sections, chez les mitrailleurs qui servent leurs dernières pièces, les vaillants succombent sous les coups, et les cadavres s'entassent les uns et les autres.
L'ordre donné au début de tenir Hardaumont coûte que coûte - pourra-t-on jamais endiguer le flot des assaillants ? - n'avait point été rapporté ; et à 9 h, la 9è Cie occupait l'ouvrage, aidée par la section de mitrailleuses du Sous-lieutenant MAUGER. Et tandis que la 12è Cie se portait au village de Vaux, une de ses sections prenait les abris à mi-pente.
" Gardez vos positions ! Gardez vos tranchées. " fait circuler le Commandant PROUST ; " le Lieutenant VALTAT abritera les deux mitrailleuses qui restent à la carrière et les replacera dès que le bombardement sera moins intense ; tenez bien, le peloton du Sous-lieutenant CAGNAC va partir de suite vous renforcer. "
Dans la fumée et le bruit assourdissant, un coureur se précipite, il est porteur d'un pli :
" Le Lieutenant DUBOIS répond qu'il tiendra  la tranchée jusqu'au bout et vengera ses morts. "
La 8è attaque devait se produire à 10h30. Comme le bombardement ralentissait, l'ennemi se lance à l'assaut de la redoute sud-ouest d'Hardaumont dont il s'empare, puis il poursuit son élan, descend en tirailleurs vers la voie ferrée. Un combat s'engage sur le front est ; le 2è peloton de la 2è Cie, les pionniers du régiment viennent alors renforcer la droite du bataillon. L'ennemi envoie des groupes en avant et place ses mitrailleuses face aux brèches du parapet. Au point délicat de la soudure avec le 3è bataillon, un peloton de la 8è Cie se replie, le 2è [peloton] qui n'a plus qu'une trentaine d'hommes se joint à la Cie BLANQUIE, mais, en fin de combat, ils sont faits prisonniers avec le Sous-lieutenant POULARD et l'Adjudant BOURDEAU.

Le Commandant PROUST rend ainsi compte au Colonel DERDOS :
" Les compagnies ont l'ordre de tenir et elles tiendront jusqu'au dernier homme, mais il est de mon devoir de prévenir le commandement de la situation et de lui dire que la ligne devient de plus en plus faible, par suite des pertes et des tranchées qui n'existent plus dans certains endroits. Vous pouvez compter sur nous ! "

A suivre...

Extrait de Avec le 409è RI - histoire vécue des poilus du 409è - Maurice BRILLAUD

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Commentaires
B
Après la guerre mon grand-père a essayé d'avoir des précisions sur le disparition de son frère le sergent Frédéric Boucher le 8 mars 1916 à Vaux devant Damloup. Ci-dessous je vous copie la réponse que lui a faite maître Lessous qui était du 409è et a survécu à cette bataille.<br /> Benoît Boucher.<br /> <br /> ARROU, le 6décembre 1937<br /> <br /> Camille Lessous<br /> Arrou (Eure et Loir)<br /> <br /> Succr de Mes Demortreux et Millet<br /> <br /> <br /> Monsieur,<br /> <br /> Vous ne pouvez pas m’importuner en me parlant ou en m’invitant à parler d’un camarade pour lequel j’avais beaucoup de sympathie.<br /> J’étais en effet soldat de 2ème classe au 409éme alors que votre frère y était sergent. – Sa demi – section faisait partie, je crois, de la section à côté de celle, dont dépendait mon escouade. – En tout cas nous étions à la même compagnie.<br /> Je n’avais donc que des relations indirectes avec votre frère – nos gamelles ne voisinaient pas ; - mais nous nous rencontrions forcement, et, peut – être à cause d’une certaine affinité d’éducation, et surtout, bien plus sûrement parce que votre frère était un bien agréable garçon, je sympathisais avec lui et aimais à le rencontrer. – (je n’en dirais pas autant, hélas ! de beaucoup d’autres sous – officiers que j’ai connus et que j’ai préférer oublier, et même de pas mal d’officiers. Vous dirais-je, en passant, que votre lettre a attiré mes souvenirs vers le sergent qui commandait à Verdun ma demi - section, et qu’il m’a fallu un réel effort de mémoire pour me le rappeler, - le pauvre vieux, j’ai pu m’en souvenir enfin, a lui aussi été tué à Verdun, sans que ce souvenir me laisse une impression franchement pénible ; alors que je me rappelle douloureusement la mort votre frère.<br /> Vous dire toute notre existence au 409ème me serait d’ailleurs impossible, et ne serait que rappeler l’atroce vie de tranchées bien mieux décrite que je ne le pourrais faire par Barbusse et Dorgeles (qui, à mon avis, sont même restés au – dessous des horreurs qu’on a pu voir et ressentir) – horreurs entrecoupées de stations de repos où on vivait souvent en ……gamins<br /> Nous étions au repos aux environs de Montdidier – à Coullemelle, je crois – quand le 23 ou le 24 février 1916, nous avons été alertés pour une destination alors inconnue – Embarquement à Montdidier dans les fameux wagons portant l’inscription bien connue : « hommes 40 – chevaux 8 », avec le confort adéquat ; nous avons roulé – par un froid de canard- la nuit et la journée du lendemain pour être arrêtés à Sainte –Mennehoulde.- Après deux nuits passées dans une caserne, au petit jour, on met sac au dos. Une journée de marche de 30 à 40 kilomètres nous amena à Rarecourt.<br /> Là se place un souvenir de votre frère :<br /> Arrivant à Rarécourt, exténués, pris de bronchite je cherchais à me ravitailler en œufs, et pinard, ou ce que je pourrais trouver. – Le hasard me fit rencontrer un mien ami, un nommé François, fils d’un instituteur retraité – François, sous – officier à l’escorte du général Hallouin qui commandait alors – piteusement – l’armée culbutée de Verdun, y menait une vie relativement douce – et même très douce si on la compare à celle que nous menions, nous les sacrifiés.-<br /> François en m’annonçant que nous passerions 2 nuits à Rarecourt m’offrit, pour le lendemain de notre arrivée, à dîner à sa popotte de sous –officiers, il m’invita en outre à amener un ami avec moi – ce fut votre frère que je choisis -.<br /> Nous fûmes traités «royalement » (le mot n’est pas trop gros vu notre façon de vivre d’alors) ; le dîner fut très copieux ; il n’y manqua même pas les vins fins et les gros cigares ; Je suis bien certain que ce fut là le dernier bon repas fait par votre frère ; il s’en souviendrait comme moi si la mort ne l’avait pas fauché. –<br /> De Rarecourt on nous conduisit pédestrement près de Verdun. Nous cantonâmes dans des péniches sur un canal. – Je ne me souviens plus du nom du village le plus proche.<br /> Le 2 mars, par une belle après – midi ensoleillée, alerte, sac au dos, direction : la ligne du feu. – Nous arrivâmes en ligne dans la nuit (quelle heure pouvait – il être ? 2, 3 ou 4 heures je ne sais plus, je me demande même si je l’ai jamais su !) trempés d’eau –car la pluie avait commencer à tomber vers 8 heures – et de sueur, et pour nous remettre nous avons eu la ressource de mettre sac à terre dans la tranchée peu profonde et d’attendre – froidement - le jour venir. –C’est alors que l’on se rendit compte que notre tranchée qui n’avait été qu’une tranchée de repli ne comportait aucun abri. – Chacun dut donc s’organiser individuellement avec ses maigres moyens, entre les gardes fréquentes que l’on montait.<br /> Nous ignorions alors tout, ou à peu près, de l’offensive de Verdun, car nous n’avions reçu depuis notre départ de Montdidier ni journaux, ni lettres.- Mais une impression dont je me souviens bien, et aussi les grondements à peu près continuels du canon autour de nous et sur nous, et puis encore les visites d’avions boches, me faisaient mal augurer de la suite.<br /> Nous nous trouvions en première ligne sur une espèce de piton, devant le fort de Vaux et d’une ligne de chemin de fer – Dans ma mémoire je vois bien l’endroit, mais pourrais – je aujourd’hui le reconnaître ?<br /> Le 8 mars (jour du mardi gras), les boches commencèrent un tir formidable. – Ils arrosèrent d’abord notre arrière, où devaient se trouver les réserves. Le bombardement continua jusqu’à la matinée du lendemain 9 mars – A ce moment les boches faisaient sur nous un tir de précision et de destruction, et c’est là que se place l’affreux coup qui nous a privé de votre frère.<br /> Je n’ai pas assisté aux derniers moments de votre frère ; mais voici comment j’ai le souvenir qu’un nommé Lachaud, blessé en même temps et à côté de lui, m’a raconté l’horrible chose :<br /> Lachaud était caporal de l’une des demi – sections de votre frère. – A côté d’eux, en ligne, se trouvait un groupe de mitrailleurs qui, ayant plus de loisirs que nous, fantassins tout purs, avaient organisé pendant l’accalmie relative des premiers jours, un léger abri couvert avec des planches. – Votre frère et Lachaud pendant l’épouvantable marmitage avaient été accueillis dans cet abri qui pouvait tout au plus préserver d’un shrapnell. – Un obus tomba en plein sur l’abri faisant une affreuse bouillie des occupants. – Sauf peut – être de Lachaud) – Votre frère cependant ne fut pas tué sur le coup ; il avait la mâchoire inférieure emportée ; il a encore eu la force de faire comprendre que les boches allaient venir et qu’il fallait les recevoir comme ils le méritaient – (je me souviens parfaitement de ce trait). –<br /> Votre frère n’était pas seulement un aimable garçon, c’était aussi un brave. –<br /> Votre pauvre frère n’a pas du survivre longtemps à ses blessures ; il a du mourir pas loin de l’endroit où il a été blessé, car à ce moment, il n’était plus question de brancardiers et les boches ont attaqué peu après.<br /> D’après mes souvenirs - et je crois ne pas me tromper – votre frère est mort le jour du mercredi des cendres 9 mars, et non le 8, comme vous le relatez dans votre lettre.<br /> C’est bien le 9 mars que j’ai moi –même été blessé – peu grièvement. – J’étais au poste de secours du bataillon quand Lachaud y vint lui – même ; il était affreux à voir. – Le sang lui sortait par le nez, par les oreilles ; en se frottant, instinctivement, il s’était barbouillé la figure de sang et de morceaux de cervelle des malheureux écrabouilles avec lui. – Sa chape (peau de mouton)était elle – même parsemée de pareils morceaux et tout ensanglantée. Lachaud qui, par un de ces hasards qu’on ne peut rencontrer qu’à l’idiote guerre, n’avait aucun membre fracassé, était sorti de l’écrabouillement avec une forte commotion, il venait d’être atteint lorsqu’il vint au poste de secours – C’est donc bien le 9 mars que votre frère a été tué.<br /> Si vous pouviez le retrouver, vous auriez certainement par Lachaud, plus de précisions que je ne puis vous en fournir sur les derniers moments de votre frère. – Lachaud était un paysan originaire du Poitou – des Deux Sèvres je crois – mais de quel coin exactement, je ne sais plus ! Il a du revenir de la guerre, je ne dirai pas sain et sauf, mais du moins vivant ; car bien que je ne l’aie pas alors rencontré je sais qu’il a fait étant toujours au 409èmedans un groupe d’attaque, avec une compagnie de mon régiment d’alors (le 290ème )un coup de main sur Stosswhir (près Munster ), vers le mois de mai 1918 ; il a du être blessé assez sérieusement mais pour mettre ses jours en danger, et a du entendre sonner l’armistice, à l’intérieur.<br /> Quant aux officiers qui commandaient section, compagnie et bataillon, auprès des quels vous pourriez avoir des souvenirs, je ne puis vous en dire que peu de choses :<br /> Je ne me souviens plus du lieutenant ou Ss – lieutt qui commandait la section dont faisait partie votre frère<br /> Notre compagnie était commandée par un certain Dubois (capitaine ou lieutenant, je ne sais plus) qui devait être originaire de Chinon ou des environs, et qui dans le civil, devait être voyageur de commerce. Ce monsieur se fit évacuer 2 ou 3 jours après notre arrivée en ligne à Verdun, pour …entérite, m’a – t –on dit. (Le populaire qualifierait d’une façon beaucoup plus verte et plus probante, cette évacuation).- (je ne serais pas étonné qu’il ait reçu la croix de la légion d’honneur pour sa belle conduite). –<br /> Le chef de bataillon était un nommé Proust ; il ne m’a laissé que le souvenir d’un être aussi incapable que désagréable…et pleutre.<br /> Et voici. –<br /> Je m’aperçois que je vous ai dit beaucoup de choses qui sans doute ne vous intéresseront pas Je ferai de même encore si vous me faîtes le plaisir de venir me voir à Arrou dés que les beaux jours le permettront.<br /> Depuis la fin de la guerre, je suis allé plusieurs fois à Chinon. – J’ai bien pensé au camarade Boucher, mais craignant de paraître importun, je n’ai pas recherché si quelqu’un s’intéressait à lui : je le regrette infiniment.<br /> Veuillez croire, Monsieur, à l’expression <br /> de mes sentiments les meilleurs.<br /> <br /> Camille Lessous
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O
Bonjour<br /> Je pense a mon oncle André CALLOT blessé le 8mars 1916 avec le 149RI et a coté du 409RI <br /> QUEL hazard 93 ans après de rechercer leurs presences pour un meme lieu et meme date?<br /> <br /> Je vous encourage Cristophe a continuer votre travail pour faire ressortir leurs memoires trop vites oubliées a près cette terrible guerre<br /> <br /> Bonne journée<br /> ORRIERE Alain
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J
je lis ce texte de la bataille de VERDUN du 8 mars 1916 où tant de poilus sont tombés avec beaucoup d'émotion, je pense à mon grand oncle ROBERT ROGER ARTHUR FROMIOT, de la 2ème compagnie qui est tombé ce jour et fut porté disparu, même aujourd'hui, en 2009, cela reste émouvant et j'ai beaucoup de respect pour ces soldat qui donnèrent leur vie pour la FRANCE.
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