Nuit du 22 au 23 mai 1916

Compte rendu sur le coup de main exécuté
par le 409è dans la nuit du 22 au 23 mai 1916
(JMO du 409ème RI)

Dans la nuit du 22 au 23 mai [1916] le détachement du Sous-lieutenant CAGNAC est parti en 3 colonnes, celle du centre d'un effectif double de celui des 2 autres. Les points désignés de la tranchée ennemie à aborder étaient 95 et Saillant 2-87.
A 1 heure chaque chef de colonne, après avoir fait pratiquer silencieusement les brêches nécessaires dans nos réseaux a fait prendre position à ses hommes. La colonne du centre comportait 4 sapeurs du Génie.
Au signal donné par l'artillerie (1h30) les 3 colonnes sont parties au pas gymnastique, le pas de course étant rendu impossible (trous de torpilles, débris de réseaux). L'intervalle des lignes a été parcouru en 1/2 minute environ.
La colonne de droite a essuyé dans le trajet 4 coups de feu du petit poste 95 dont l'occupation avait été antérieurement signalée par les guetteurs de la tranchée. Un homme a été blessé à la joue. Au réseau allemand la colonne de droite a constaté de nombreuses brêches. Les occupants du petit poste se sont enfuis vers la 2è ligne. Dans les tranchées de 1ère ligne allemande, la colonne a trouvé un abri en parfait état (pièce cimentée) elle a jeté des grenades à l'intérieur constatant que rien n'y bougeait, a assuré la liaison avec la fraction du centre et au signal de retraite s'est retiré en bon ordre.
La colonne du centre (24 hommes) + 4 sapeurs partit en 3 vagues dont la 1ère devait se porter droit devant elle au saillant 2. La 2è s'infléchit à droite après la traversée du réseau et dans la tranchée boche pour liaison et la 3è de même à gauche.
La mission commune était de nettoyer les tranchées parcourues.
La 1ère vague essuya le feu d'une sentinelle placée en avant de la ligne dans un trou de torpille entouré hâtivement de fils de fer. La sentinelle simple s'est enfuie et la vague est arrivée dans la 1ère ligne par les brêches faites dans le réseau. 3 Allemands qui tiraient à genoux sur la tranchée ont vite disparus. Un abri a été nettoyé à coups de grenades (abri en rondins et tôle déjà endommagé). La vague de droite s'est mise en liaison avec la colonne de droite en occupant la tranchée où elle a constaté l'existence d'un abri muni de créneaux (en caponière). La vague de gauche a trouvé un abri intact où 2 grenades ont été lancées et où on a détruit 2 câbles téléphoniques. Les hommes ont déchargé leurs revolvers à l'extérieur d'un abri et poursuivi de leurs feux 2 Allemands qui avaient pris la fuite. La liaison prévue à gauche n'a pu être réalisée. Constatant la fuite de l'ennemi partout où ils se laissait entrevoir, gêné par la fumée intérieure dégagée par notre tir de barrage et l'éclatement des grenades, le Sous-lieutenant CAGNAC, après un séjour de 6 à 7 minutes dans la tranchée boche, donna le signal du départ. Le retour de la colonne du centre s'est effectuée dans des conditions normales sans poursuite par les feux de la part de l'adversaire.
La colonne de gauche a subi à mi-chemin (à l'aller) 3 ou 4 salves d'un groupe de guetteurs (4 ou 5). Abordant le réseau boche, l'homme de tête (MESSANG) a été mortellement frappé. Ici le réseau avait été hâtivement réparé, la brêche assez étroite avait été bouchée par 2 chevaux de frise. La colonne a essayé sans résultat de se frayer un passage, le groupe de guetteurs continuait à tirer, le chef de la colonne (MERCERON) déchargea son revolver dans leur direction ; plusieurs de ces hommes disparurent. Dans l'impossibilité de se frayer un passage, la colonne attendit le signal du retour ; ne l'entendit pas, revint en voyant les autres colonnes se retirer ; l'appel fut fait dans un trou de torpilles avant de rentrer dans la tranchée.
L'homme blessé fut ramené dans nos lignes et expira dans la tranchée française.

Charles MESSANG était à la 3è Cie, son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Veuxhaules sur Aube (10).

En dehors de cet homme, l'état des pertes indique :
Tués : Les Soldats Aimé MASSON et Léon ALSON

Léon ALSON est inhumé à la Nécropole nationale de Tracy le Mont (60) - Carré C Tombe 32.

Blessés : Les Soldats Georges BIDRON, Charles CHANUS, Émile NELLIEN, Charles MARTINEAU, Raoul RENAUD, René MEYGISSIER et Louis PINEAU.