Ce qu'était le 409è (2)

Le 409 s'engagea dans son rythme, d'une vivacité soutenue. Il lui avait suffi de l'entendre répéter que le " dernier effort " est une expression vaine. Ce dernier effort est toujours suivi d'un autre, toujours possible, toujours masqué. Il n'est que de le solliciter. Voilà pourquoi le Régiment fonçait sans trêve, Colonel en tête.
Comme il m'a paru immodeste de porter sur nous-mêmes des jugements faciles, et peut-être complaisants, je suis allé fouiner sur les archives allemandes de la guerre 14-18, que personne ne lit plus, afin d'y saisir l'opinion de ceux d'en face.
J'y ai découvert l'historique du 409 allemand, celui que nous avons assez durement étripé le 3 octobre 1918. Les prisonniers confrontaient pattes d'épaules et écussons et se croyaient autorisés à prendre en souriant un petit air de famille. Il est vrai que la mêlée touchait à sa fin : une sorte de demi-finale comptant pour la Coupe de France ; au programme : 409 contre 409.
C'était un solide régiment, composé de Prussiens et de Wurtembourgeois ; ils ont conservé leurs particularismes jusqu'au bout. Un peu comme si on s'était abordé en disant :

- Comment vont vos Poitevins ?
- Pas mal, merci, et vos Tourangeaux ?

Impensable chez nous.

Le bouquin est gros et abondamment illustré. On y voit un colonel du type énergique, un état-major jeune et distingué, comme ils le sont tous. Quelques photos représentant des brochettes de Feldwebels peu détendus, de purs types d'Adjudants de semaine en état permanent d'alerte. Ca devait rudement sauter au repos. Les troupiers ont bonne allure, un peu lourde, mais décidée.

A suivre...

in l'Entraide 1955 numéro du 40è anniversaire de la création du 409è RI