Jeux, bagues et naissance...

7 novembre 1915

Ma chère Louise et mes chers petits enfants

Je viens de recevoir ta lettre qui m'a fait bien plaisir mais je vois que toi tu n'es pas pareille.
Si tu ne reçois pas mes lettres car je t'écris tous les jours, je te jure que ce n'est pas de ma faute. Et je suis bien d'être comme je pense car je ne suis nullement en danger à 30 km du front. Je te dis toute la vérité.

Comme hier soir, nous avons été dans un petit patelin à 2 km, car il y en a un de chaque côté de notre cantonnement et nous avons fait une partie de manille et billard après, et nous avons pas trouvé le temps long car il y a longtemps que je n'étais assis à une table à jouer dans un café.

Aujourd'hui c'est dimanche. Je comptais que nous pourrions sortir après la soupe mais ce n'était pas vrai. Nous avons été à la gymnastique et nous avons jouer à la barre et d'autres jeux.
Tu penses que l'on prend bien du goût à ça pendant que nous serions si utile chez nous.

Aussi j'avais dit avant hier à Louis HOUDOYER que j'irai le voir dimanche dans la soirée et je n'ai pas pu, car il m'a donné une bague à faire pour sa femme et elle est faite. Je ne sais pas si je vais lui porter ce soir. Mes autres bagues sont finies. J'en ai 4 mais elles sont comme les autres pas polies. Je n'ai pas de quoi les polir.

Aussitôt que LECOMTE s'en va en permission je lui donnerai et si je pense faire autre chose aussi.

A moins que Louis HOUDOYER s'en irai en permission pour affaire de famille, comme il a eu une petite fille. Je lui ai dit que si c'était moi je ferai venir un certificat et il pourrait bien se faire qu'il aurait une permission. Ca ne lui coûterait de rien de demander, car qui ne demande rien, n'a rien.
Je souhaite que ça s'est bien passé et que Virginie et la petite va bien. Ca lui ferait sûrement plaisir de voir son homme. Lui il est très content d'avoir une fille. Il m'a dit qu'il aimait mieux ça qu'un garçon.

Il n'est pas question que nous allons nous en aller mais je ne crois pas que nous passions nos 15 jours dans le même endroit.

Voilà mon papier qui est rempli malgré que je n'avais pas grand chose à te raconter.

A demain d'autres nouvelles.

De bons baisers à mes petits enfants ainsi que Simone et Amélie.

Ton époux qui t'embrasse et pense à toi

Henri