Je trouve tout de même le temps de me laver
674 – Mercredi 8
Je suis réveillé par MOINET qui me dit d'aller reconnaître la section de mitrailleuses de la tranchée Pégase. Je vois GIRARD qui a l'air d'avoir une sérieuse G.D.B. (gueule de bois probablement). DELAUNAY n'a pas l'air plus en forme. Je visite les emplacements et je prends une photo.
Puis je vais voir DENIAU qui me passe les consignes : tout à l'air bien moche : je reviens par chez GABORIAU. Dans l'après-midi je vais m'informer quel emplacement je dois occuper et, en passant par les cuisines, je prends deux vues. En rentrant, les Boches se mettent à bombarder sérieusement et ils envoient des obus pas loin. Ils ont l'air de faire des réglages. Un orage s'amène à la tombée de la nuit : les types des premières lignes s'amusent à envoyer des grenades et bientôt il leur arrive une ou deux torpilles. 3 Spads se promènent et reçoivent pas mal d'obus. Je me couche à 9 heures.
675 – Jeudi 9
A 4 heures, je suis réveillé par un tir de barrage sur la gauche : les Boches répondent à peine. Je me rendors et, à 6 heures ½, MOINET vient me parler pour les cartouches. A 7h1/2 nouveau réveil : dégoûté, je me couche lève et j'écris. Le temps est très clair.
A 13 heures, les Boches recommencent à bombarder : cela tombe un peu partout. On doit avoir relevé la 2è CM à 9h1/2 et l'on part à 8h3/4. En arrivant, la pluie se met à tomber après avoir installé les pièces.
Toute la nuit l'artillerie bombarde le ravitaillement boche, ce sont de véritables feux de barrage. J'envoie à changer un canon et un pignon manivelle. L'abri est infect, toute la section est entassée dedans, on y étouffe.
Je me couche à minuit.
676 – Vendredi 10
Après avoir été réveillé plusieurs fois pour diverses choses, je me lève vers 7 heures : je m'amuse à faire un carton dans les fils de fer.
MOINET vient me dire de déménager dans l'après-midi et d'aller dans la tranchée de Baysanne (Bézannes peut-être). Je vais reconnaître l'abri, qui n'est guère mieux, mais un peu plus solide. On déménage à 3 heures et on s'installe tant bien que mal.
Je dîne avec l'aspirant BIRON qui ne doit quiter l'abri que demain. Je me couche de bonne heure car il n'y a plus de quart à prendre.
L'artillerie tape toujours.
677 – Samedi 11
Je me lève à 6 heures pour écrire, puis je passe la matinée à faire des consignes : je vais les porter au Lieutenant LAVAUD. Je vois AUSSURE que je prends en photo, et en rentrant, je cause avec le fils DELPRAT. Après le dîner, les Boches prennent encore une distribution : je fais faire une plateforme.
678 – Dimanche 12
Je trouve tout de même le temps de me laver : vers 10 heures, les Boches nous envoient des obus dont plusieurs tombent pas loin. Beau temps mais du vent. Je reçois un nouveau canon et un nouveau pignon et j'apprends qu'ALAPHILIPPE est nommé sous-lieutenant.
679 – Lundi 13
Temps pluvieux. Du côté du saillant cela cogne sérieusement toute la journée. Vers 10 heures, nous recevons quelques obus. Le temps passe lentement.
680 – Mardi 14
Bombardement du côté du saillant : ici c'est calme. Il pleut. Le Sergent MASSÉ vient à ma section : je fais installer une plateforme pour faire du tir indirect.
A suivre...
Avec l'aimable autorisation de son petit-fils - Merci de ne pas reproduire sans autorisation