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Le blog du 409e RI
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13 février 2016

Mardi 23 : Jour J

746 Vendredi 19

Je me réveille à 5 heures et je pars avec la section vers 5h45 ; il ne tombe pas d'obus. Nous passons par le boyau du Filon et nous prenons une piste à flanc de coteau ; nous rencontrons des chasseurs qui reviennent de faire du tir indirect aux Pommiers, on laisse les trépieds et on suit un decauville qui a l'air sérieusement sonné.

Puis on quitte la piste pour descendre dans le ravin que l'on traverse vite. Nous montons la pente opposée aussi les types en bavent et, en arrivant en haut, je relève l'aspirant RENARD.

HERVÉ se trouve malade et on est obligé de lui donner du réconfortant ; Pendant ce temps, RENARD passe les consignes à MUSSÉ. Puis nous nous installons.

Un avion boche vient survoler le ravin à très faible hauteur. J'envoie chercher la soupe. Le bombardement recommence mais le temps se couvre ce qui fait que l'on ne voit pas grand chose. Le ravin est plein de fumée. Je vais voir le Capitaine et avant d'entrer dans la carrière, je me fais sonner pas mal. En revenant, on joue aux cartes et on mange ; puis j'écris. À 4 heures, la 2e Cie fait un coup de main, mais ne peut aller jusqu'à la tranchée boche ; une de mes pièces va tirer ; naturellement, tir de barrage sérieux. Après avoir mangé, on se couche.

747 Samedi 20

Vers 6 heures, je suis réveillé par un tir de barrage : les coureurs du 170 viennent dire que les boches sont dans la 1ère ligne aussi j'alerte la section. Au bout d'un moment, les boches sont repartis aussi tout le monde rentre. Après la soupe, BRIDIDI s'en va au T.C. [Train de combat] comme muletier. Beaucoup de brouillard qui se lève vers 11 heures.

L'après midi est marqué par un bombardement du ravin ; le 109 et le 149 commencent à monter. Le 1er Bataillon doit être relevé ce soir. Vers 6 heures, le capitaine m'envoie chercher ; le boyau est bien sonné aussi nous faisons vite. Je ramasse deux ou trois bûches en chemin : on trouve les hommes de soupe qui sont terrés. En arrivant à la carrière d'Ulm, on fait une course effrénée. A l'intérieur, on trouve des types du 149e qui montent en ligne. Le Capitaine me donne des ordres pour faire du tir indirect cette nuit et pour aller faire une reconnaissance demain matin. En revenant, je suis obligé d'aller chercher REULIER pour me montrer le boyau et je rentre en vitesse. Je me couche aussitôt.

748 Dimanche 21

Je me lève à 4h moins le quart et je commence à tirer bandes par bandes. Vers 5 h moins le quart, la pièce commence à s'enrayer ; on va chercher l'autre qui ne marche pas non plus. Je laisse les types et je vais casser la croûte avant de partir. Je m'en vais à 6 heures avec JONCHERAIS : je m'arrête au P.C. PIGEON où je demande des renseignements à un lieutenant de la classe 16 qui paraît un vrai gosse. Brouillard. Je passe près de la ferme Colombe et je suis la route ; sur la crête, le brouillard est levé. Comme un avion boche passe, on se planque dans un buisson. Puis on repart et on arrive à l'autre ravin ; on passe près des 75 et on descend sur l'autre pente. Beaucoup de boue. On arrive en bas mais personne ne sait où se trouvent les carrières de Vauxelles. On remonte le ravin à travers les bois et on trouve tout de même les carrières. Je reviens par le boyau qui est impraticable ; je manque de m'enliser et j'ai de la boue jusqu'aux genoux. On monte sur le parapet et l'on rentre par la tranchée du serin. Je vais voir le capitaine pour lui rendre compte ; c'est à peu près calme. Toute la journée nous bombardons mais les boches ne répondent pas. Beaucoup d'avions. Vers 5 heures, Fritz envoie encore des obus près de la cagna mais aucun ne tombe trop près. Ensuite, on se couche, mais comme j'ai bu du café, je ne dors pas tout de suite. On est serrés et on a chaud.

749 Lundi 22

Je me réveille à 7h1/2 pour envoyer les hommes à la soupe ; brouillard, temps couvert ; la pluie tombe même vers 10 heures. Après déjeuner, je dors un peu, mais je suis réveillé par REULIER qui me dit d'envoyer un homme au P.C. MERLIN. Il paraît qu'AUSSURE est allé cette nuit aux carrières de Vauxelles et qu'il a été obligé de revenir. Tout la soirée, cela cogne beaucoup ; il n'y a pas d'ordre pour demain.

750 Mardi 23

C'est aujourd'hui le jour J. A 4 heures, j'envoie les types à la soupe car j'ignore l'heure de l'attaque. A 5h15, le feu devient roulant et les types partent. Vers 6 heures, MOREAU trouve un boche sur la cagna et perdu. Puis des blessés passent. Enfin, des prisonniers rappliquent en nombre. Quelques obus encore dans le ravin. L'artillerie avance et les taubes retournent : tous les objectifs sont, parait-il, atteints. Vers 3 heures, je vais au P.C. ULM et je trouve le capitaine qui me dit de me préparer à partir dans vingt minutes. Je retourne à la section et je fais équiper tout le monde. On commence à attendre sur la carrière que le capitaine sorte ; des avions volent et les boches envoient des fusants qui éclatent juste au dessus de nous. Enfin on part et on commence par trouver des taubes qui reviennent. Terrain bouleversé et trous gigantesques. On arrive route de Maubeuge que l'on suit pendant presque 2 kilomètres. Les boches tirent peu. Enfin, on arrive à une carrière près de la ferme de la Malmaison. On se tasse à l'intérieur avec des chasseurs. Je suis assez fatigué. Le capitaine me donne des ordres pour demain matin et je me couche sur un plumard en fil de fer.

751 Mercredi 24

J'ai froid vers la fin de la nuit. A 5h30 MASSÉ s'en va avec une corvée pour chercher des cartouches. Je me lève et bois un peu de café. Puis je sors un peu ; il fait beau aussi beaucoup d'avions sont en l'air. On a rien à manger aussi les poilus rouspètent. On est obligé d'envoyer d'autres hommes pour finir d'amener les cartouches. Dans l’après midi on déménage et on va dans une ancienne sape boche qui servait de poste de secours. On commence par tout débarrasser car c'est plein de saletés ; tout le monde se tasse là dedans les uns sur les autres. Puis on fait faire des plateformes pour tirer. Beaucoup d'avions en l'air : Boches et Français passent les uns à côté des autres sans rien se dire. Il pleut un peu. Je pointe les pièces et je rentre me coucher. Au commencement du tir, le capitaine me fait demander, mais me renvoie peu après. Les hommes de soupe n'arrivent qu'à 8h1/2 ; il est temps que le ravitaillement arrive car on a sérieusement faim.

752 Jeudi 25

Le tir est arrêté car l'Infanterie demande d'allonger le tir ; mais toute la nuit, il y a du remue ménage pour la garde. Je me lève à 7 heures et vais reconnaître les cagnas pour dégager notre sape. Je vais jusqu'au petit bois où je trouve les anciennes positions de crapouillots. On aperçoit Laon au loin ; sur la gauche, nous faisons un tir de barrage, mais, en face de nous, c'est calme. Beaucoup de vent : je prends des photos puis je rentre écrire et me reposer.

L'après midi, je vais faire un tour dans la ferme de la Malmaison. On dit que nous partons demain à 4 heures aussi je me couche de bonne heure.

Avec l'aimable autorisation de son petit-fils - Merci de ne pas reproduire sans autorisation

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