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Le blog du 409e RI
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4 décembre 2016

Veille d'attaque

JUIN 1918

971 Samedi 1er

Après avoir attendu longtemps on s'embarque en auto. Il fait froid ; on ne passe pas par Épernay et l'on descend assez fort vers le sud. En revenant vers la Marne, on aperçoit les fusées éclairantes. On débarque à 7 heures à [...] et nous nous dirigeons vers Clos Milon, une ferme située à 2 kilomètres où nous devons cantonner. Il y a déjà des artilleurs et on se case à grand peine ; on arrive à déjeuner, quand l'ordre de partir à Igny les Jard arrive. On part par les bois ; il fait très chaud ; nous n'arrivons qu'à h 1 ½. On trouve tout de même une popote, mais je n'ai une chambre que le soir vers six heures. On veut aller au bistrot mais COT tombe dans la boîte et on se débine en vitesse. Nos pièces tirent beaucoup ; on va un peu se coucher dans l'herbe et ensuite on dîne. Après un tour d'après dîner sur la route, je vais me coucher.

972 Dimanche 2

MOREAU me réveille à 5 heures car il paraît que l'on doit prendre les autos à partir de six heures. Je suis vite prêt. Mais, comme toujours dans ces cas là, les autos n'arrivent qu'à dix heures. Nous avons un camion spécial en tête du convoi. Il fait beaucoup de poussière, heureusement un peu chassée par le vent. On casse la croûte dans le camion. Nous passons par Orbais, Montmirail. Vers 3 heures, nous débarquons à La Ferté sous Jouarre et on nous colle dans un chemin en plein soleil. Nous y restons jusqu'à 6 heures, puis nous traversons la ville ; les civlos [civils] font la sale tête, ils n'ont pas l'air rassurés. Nous suivons le 1er bataillon qui marche en dépit du bon sang et qui s'arrête toutes les demi-heures. Il fait énormément de poussière pour monter la côte qui mène au château de la Rue. Nous coupons ensuite à travers champs et nous arrivons à une agglomération de fermes qui s'appelle les Rougets ; tout d'abord on ne voit que des vaches qui crient. Finalement, on trouve CULAN qui était parti devant. Toute la compagnie est dans une ferme ; je loge dans une espèce de bâtiment où il y a de très belles chambres. Il reste encore dans cette ferme deux vieux domestiques belges qui nous font voir tout ce qui reste. On trouve de tout et on dîne dans une assez jolie salle à manger. Il est très tard, minuit passé aussi nous allons nous coucher.

973 Jeudi 3

Je me lève vers 7 h ½ et j'assiste à la chasse aux poules dans la cour de la ferme. De nombreuses victimes gisent déjà sur le sol. Puis je vais boire du lait. Je termine la matinée en faisant ma toilette ; je vais aussi reconnaître l'emplacement du travail pour tantôt ; il fait bien chaud. Je pars au travail à 1 h ½ et j'installe les équipes. Je m’aperçois que DHOURY a été mis agent de liaison à la 4e Section, aussi, n'ayant pas été prévenu, je la trouve un peu mauvaise ; je le fais rentrer à ma section ce qui ne plaît pas au patron qui m'en fait la remarque d'une façon difficile à digérer. Là dedans, il y a des tords des deux côtés. En rentrant, je trouve MOREAU en train de faire marcher un phonographe grand modèle et dont les sons sont superbes de clarté. On dîne avec RENAULT qui est arrivé dans l'après midi, TAILLARDAT et BROSSET.  Comme on doit fournir des travailleurs, on se presse, mais, vlan, les ordres de départ arrivent. A 8 heures tout le monde est prêt ; on fait encore marcher le phono pour se distraire, mais le ressort casse et on en est réduits à tourner les disques avec la main. Nous ne partons qu'à dix heures et on se rassemble près de la grande route de Chateau Thierry.

974 Mardi 4

Après avoir marché deux bonnes heures, nous passons par Dhuisy et nous allons bivouaquer dans un bois où l'on n'y voit rien du tout ; au bout d'une demi heure, on réussit à se placer. Vers 5 h ½, on fait monter les sacs ; tout s'apprête et on part pour s'avancer dans un autre bois. On s'installe vers 8 h ½ et on mange. Puis tout le monde s'endort car la fatigue se fait sentir. Je me réveille vers 1 h ½ et j'écris un peu ; vers la gauche, le canon tonne très fort. A 4 h ½, je m'en vais voir si la soupe arrive.

Un avion de chez nous se fait descendre par six ennemis qui s'acharnent dessus. Nous partons vers 5 h ½ et, en passant par des bois où se trouvent le 1er et le 31e chasseurs, nous arrivons aux Glandons. CULAN et BROSSET s'en vont dans un bois en avant. Nous sommes dans des greniers. On se couche avec la nuit.

975 Mercredi 5

Je me lève à 5 heures après m'être bien reposé ; puis, avec ma section, je m'en vais creuser des tranchées dans le bois où se trouve CULAN. Quatre saucisses boches sont en l'air. Je vois RENAULT. Les boches envoient quelques obus qui tombent assez loin.  Je rentre pour 10 heures. En rentrant, HAMELIN m'annonce que nous devons attaquer demain, aussi, cet après midi, il n'y aura pas de travail. On nous expose le plan d'engagement. Il y a l'air d'avoir un front joliment grand pour le bataillon, presque 2 kilomètres. J'écris un peu et je vais reconnaître les emplacements de départ. Nous devons partir du bois de Veuilly ; en arrivant au poste de secours, on rencontre les officiers du 2e bataillon qui vont reconnaître. Les premières lignes sont tenues par des Américains qui n'ont pas l'air de se faire de bile. On inspecte le terrain qui, en effet, paraît joliment vaste. Je dois suivre un ravin sur la gauche avec ma section et trouver la liaison avec la 11e qui doit prendre Veuilly. Nous rentrons par une chaleur étouffante ; à Villers le Vaste, une brave femme quie reste encore là nous offre du vin. Nous dînons et après une petite réunion au bataillon, je vais me coucher.

Avec l'aimable autorisation de son petit-fils - Merci de ne pas reproduire sans autorisation

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