Un bobo qui fait tirer la patte
Le 24 avril 1917
Mon cher frère
Ai reçu ton aimable carte, me disant que tu étais rendu près du pays en effet. Châteauroux c'est tout prêt. Donc c'est bien rare si tu n'as pas la visite de la maman.
Suis heureux - ainsi que les parents - de te voir maintenant à l'abri, car au temps qu'il fait, c'est bien ici qu'il fait le meilleur.
Je pense que tu y es pour un certain temps, car maintenant on est parti à se désirer du mal. Sur ta prochaine lettre tu me diras où tu as été blessé et dans quelle condition.
Pour nous, sommes toujours aux aguets, mais je crois et j'espère que notre tour va être sous peu, vivement vu qu'il faut y passer mieux vaut tout de suite que plus tard.
Pour moi je désire de tout coeur y aller et m'en retirer sain et sauf. Je ne demande pas de blessure. J'en ai eu une, et dame je sais ce que c'est. Je n'en demande pas d'autre. Il reste toujours des suites, plus ou moins agréables.
Pour mon pied ça va bien, j'espère pouvoir faire le coup, je ne voudrai [pas] être évacué pour une entorse, une blessure oui, mais une entorse c'est un bobo, pourtant qui fait tirer la patte.
Allons je termine ma lettre, en te désirant pas trop de souffrances.
Ton frère qui t'embrasse tendrement.
As-tu reçu le mandat carte de 20 F que je t'ai envoyé ?
C VADIER
Le 24 avril 1917, le 409è quitte son cantonnement de Fossoy à 5h50 pour se diriger vers Gueux, puis Rosnay (51). L'entorse de Clément est ménagée : les 45 km qui séparent Fossoy de Gueux sont effectués en auto. Après une grand'halte, les 4 à 5 derniers km entre Gueux et Rosnay sont accomplis à pied. Clément a probablement écrit sa correspondance dans l'après-midi ou dans la soirée à Rosnay.