C'était il y a 50 ans, à Chinon

C'est sous ce titre que furent publiés en 1955 dans le bulletin de l'amicale des anciens du 409è, quelques souvenirs inédits par le Capitaine Georges GIRAUDON (1887 - 1966)

[…] le 409 fut formé de soldats provenant des huit régiments du 9è Corps, et cela pour les 1er et 2è bataillons. Le 3è bataillon comprenant exclusivement des gars du Nord, prélevés sur les dépôts repliés.

Ce bataillon eut longtemps un esprit différent de celui du reste du régiment, d’autant plus différent que ses unités furent cantonnées à Azay le Rideau. Ce ne fut qu’à la longue, avec les mutations et les renforts, que le 409 acquit un esprit de corps uniforme, esprit de corps concrétisé par la 1ère Cie, avec son valeureux Capitaine COCART, l’Aspirant CAGNAC et, plus tard, le si fin et si dévoué Médecin-auxiliaire PICARD.

Au dépôt du Blanc, la 2è Cie, formée surtout de cadres blessés à la Marne et en Belgique, et d’autres sous-officiers n’ayant point encore combattu, compta bien parmi la troupe les 2/3 de la classe 15, plus quelques anciens. Habillée de bleu horizon le 5 mars, la Cie ne reçut ses écussons 409 que le lendemain. L’énormité du chiffre nous surprit.

Quelques jours après, le mardi matin 9 mars, la 2è Cie prenait dans la matinée le train pour Chinon où elle arriva dans l’après-midi. Elle fut cantonnée au château de Noiret [Noiré], à 1.800 mètres de Chinon, avec une 4è section au hameau voisin des Loges. Tandis que les hommes logeaient au château même, le bureau, le magasin et les officiers s’installaient dans les communs, les cuisiniers avec leurs plats de campement s’établissaient en plein air dans une allée ombragée. Les autres compagnies des deux premiers bataillons, avec le vénérable Commandant DE LATTRE, s’installèrent à Chinon même ou dans les faubourgs. Et tout de suite il y eut accord parfait entre le 409 et les habitants de Chinon : accord scellé et rescellé, tant au bistrot que dans les caves, par l’estimé vin du pays, « le breton ».

Il y eut même tellement de scellements et de rescellements, aussi tardifs que bruyants, que plus tard, le Commandant DERDOS, lorsqu'il eut le commandement du régiment, prit des mesures sévères contre ce qu'il appelait l'ivrognerie, alors que ce n'était que la gaieté du guerrier. Mesures qui furent très facilement tournées d'ailleurs : les rondes et patrouilles n'eurent guère la cruauté d'arrêter des frères en Bacchus et se contentèrent de les reconduire discrètement à leur cantonnement. A la 2è Cie, j'avais donné comme consigne de cacher par tous les moyens les gens pris de boisson et il n'y eut jamais d'histoire à ce sujet. [...]

A suivre...